VSF #002

Hey, c’est vendredi ! Ce qui veut dire… (voix omnipotente, réverb’ au max) « SCIENCE-FICTION » !
Aujourd’hui, je vous propose une nouvelle en anglais dont l’auteur, David Brin, est une valeur sûre de la SF dure américaine. Et vous allez voir qu’on reste dans l’actualité puisqu’il s’agit d’une histoire d’épidémie futuriste, vue par un chercheur de premier plan. Le texte est ancien (les années 90) mais il conserve toute son efficacité, et illustre plutôt bien le talent de l’artiste. Science réaliste, ton pince-sans-rire, concepts : un vrai moment de lecture.
David Brin est par ailleurs un commentateur forcené de l’actualité politique américaine, comme en témoignent les innombrables posts sur son blog. Ce côté militant pouvait avoir un certain charme il y a une dizaine d’années. En 2021, le ton s’est nettement durci, et c’est juste insupportable (et vaguement terrifiant).
D’où l’intérêt de toujours séparer l’auteur de son oeuvre, etc, etc…
Quoiqu’il en soit, sa plume reste bien affutée ! Alors cher lecteur, installez-vous confortablement, prenez un bon verre en main, lancez une musique orchestrale inquiétante, et découvrons ensemble cet excellent récit.
Bonne lecture !
The Giving Plague, par David Brin

MSM #013

Prévioussement, dans MSM : L’animateur et Rangi ont arrimé un pod de Renseignement sur la coque du Witch pour étudier un site lunaire particulièrement mystérieux. La répétition (sur Mars) s’étant bien déroulée, il est temps, à présent, de passer aux choses sérieuses…

 

 

—Et c’est parti pour le deuxième round de cette « édition spéciale ». Ne zappez pas, chers auditeurs, vous êtes sur la bonne fréquence ! Vous écoutez Radio Base Lunaire, RBL la Radio Rebelle, la seule station civile qui diffuse DEPUIS la surface de notre satellite. Nous émettons une fois par semaine à destination de tous les babouins de la Terre qui savent bricoler leur poste pour détecter certaines ondes radios disons, « bien précises ». Nous nous adressons aussi à ceux qui téléchargent les émissions après-coup, sur Internet. C’est moins couillu, mais au moins vous vous informez, et c’est déjà ça !
Rangi : (à mi-voix, mdr) Va-z-y mollo quand même, tout le monde n’a pas un PhD en traitement du signal ! (très joyeuse et bruyante) BONSOIR À TOUS !
—Comme chaque fois, je suis accompagné de ma ravissante comparse, une intelligence artificielle très sassy et complètement sexy. Blonde et brûlante comme une plage tropicale, elle répond au doux nom de Rangiroa !
Rangi : OUAIIIIIIIIS ! (soudain sérieuse) …mais je suis plus célèbre que toi, désormais, pas besoin de me présenter ! Pas vrai, mes p’tits babouins ?!
(riant) Ah, ça s’affole dans le chat, tu as clairement un gros fanclub.
Rangi : (fière) Ben tiens ! Ils ont du goût !
—Bref, suite à notre petite escapade sur Mars…
Rangi : On salue nos rares auditeurs Muskiens !
—… nous sommes de retour sur la Lune, toujours à bord du Witch que je pilote via ses commandes physiques. Le pilotage neural est possible sur un coucou de cette classe, mais cela reste une opération bien balaise, alors en attendant, à la guerre comme à la guerre !
Rangi : Quant à moi, je dois gérer les imageurs. C’est pas de la tarte !
—Comme vous l’entendez, les soucis mémoriels de Rangi sont réparés. Cela fait donc maintenant 3 jours qu’elle me fatigue les oreilles en sortant des mots et des expressions complètement datés voire parfois carrément hors-sujets.
Rangi : Pff ! Balivernes et Vade Retro, c’est absolument faux ! Je suis toujours à-propos !
—Rappelons -ou plutôt, détaillons- le plan de vol du jour. Afin d’observer le fameux point lumineux non loin du cratère Cléomède, nous allons effectuer un passage à basse altitude au-dessus de Mare Crisium. Imaginez Crisium comme un genre d’immense arène romaine elliptique : un fond plat très étendu (600 par 400 km), entouré d’une chaine de montagnes (les gradins) qui grimpent parfois à presque trois kilomètres au-dessus du niveau de la « mer ». Le grand axe de l’arène est orienté de gauche à droite (d’Ouest en Est).
Rangi : J’vous ai préparé une petite carte ! Je la balance sur le chat.

Capture d’écran de Rangi : carte de Mare Crisium.

—C’est suivant cette ligne que nous allons traverser : jaillissant d’un des vallons orientaux, nous filerons plein Ouest en direction de la Porte de Proclus. À gauche, nous devrions entrevoir les Hauts-du-Sud, notamment Promontorium Agarum, et dans la mer elle-même, plusieurs reliefs intéressants, par exemple Dorsum Harker, et un cratère notable : Picard. Sur la droite, j’ai calculé l’altitude du Witch pour que nous puissions observer le rivage Nord juste au-dessus de la courbure de l’horizon lunaire. … Si nous maintenons une altitude d’environ 5km, nous distinguerons le sommet des montagnes les plus élevées -parmis lesquelles le fameux pic qui nous intéresse. Vous allez me dire : mais pourquoi ne pas prendre de l’altitude et observer ce site depuis l’orbite, ou un point distant quelconque.
Rangi : Ce serait en effet nettement plus simple !
—Et je vous répondrai : déjà tenté. Et ça n’a rien donné. Ou plutôt, ça a donné des choses tellement bizarres et localisées que cette seconde approche, plus discrète et moins verticale -en un mot : « biaisée »- s’est avérée nécessaire. Il y a quelque chose à cet endroit, et ce truc n’est pas visible finement à grande distance, et surtout pas en surplomb. Nous aurons peut-être plus de chance si…
Rangi : Alerte ! Je détecte un convoi roulant qui remonte en direction de Dorsa Tetayev. Trois camions et huit rovers pressurisés. Leurs transpondeurs sont… H.S. ! Aucun signal. Mais ils ont encore le sigle du Consortium sur les portières, ces hurluberlus ! Quelle brochette de nigauds !
—Haha, l’arrogance typique du Consortium ! Ils brouillent les signaux électroniques mais négligent l’optique, vu qu’ils savent que personne n’ira fliquer leurs déplacements au téléobjectif ! Sauf que pas de chance, aujourd’hui… Ah je les vois : sûrement une huile du Conseil Scientifique qui arrive de leur avant-poste de Condorcet.
Rangi : Le Consortium a un avant-poste à Condorcet ?!
(distraitement, car il pilote à vue) Le Consortium est partout, Rangiroa.
Rangi : Mais on a rien vu en passant !?
—Ils se planquent dans un renfoncement de la pente Nord. Des modules partiellement enterrés. Impossible de les voir par où on est passé.
Rangi : Et ils vont où, comme ça ?! Nan parce qu’officiellement, la ville la plus proche est à plus de 500 bornes !
—D’après toi ?
Rangi : Ils ont un habitat secret dans Mare Crisium ou Mare Anguis, c’est ça ?
—Quelque chose du genre, oui, ça m’étonnerait pas. Ou alors un QG de campagne. Enfin, quoiqu’il en soit… Je ralentis un peu, tu permets ? … Quoiqu’il en soit, nous sommes en camouflage maximal, ils ne nous détecteront jamais. Le Witch a peut-être 40 ans, mais il a toujours un bon siècle d’avance sur ces crétins.
Rangi : Tu me rassures. J’ai vu leurs canons Vulcan de près une fois. Plus jamais ça !
—Noooon, nononon, ne t’inquiète pas ma douce abeille-tueuse dichroïque au carbure de silicium. Nous ne courrons aucun risque. C’est eux, qui devraient être terrifiés, de savoir qu’un monstre comme le Witch les a dans le colimateur ! Non, ce qui m’inquiète, c’est le contenu de leurs camions. Je risquerais bien un coup de scanner, mais cela trahirait notre présence. … Hmmmmmmm…

(sourire dans la voix) Tiens, ce n’est qu’un détail, mais l’as-tu noté ? Ils ne laissent aucun sillage sur le régolithe.
Rangi : (bluffée) Ah mais oui !? Par tous les diables, comment font-ils un tel tour de passe-passe ?
—Regarde les protubérances au niveau des pare-chocs arrière : tu vois ces deux trucs qui ressemblent à des dômes tridar ? Zieute-les dans l’UV, tu m’en diras des nouvelles…
Rangi : Attends voir, attends voir ?! … Ouaip ! Effectivement, y’a des raies d’émission assez flagrantes.
—Un effet secondaire : ionisation résiduelle des particules minérales… Ce sont des contremesures. Ils utilisent de puissants champs électriques pour manipuler la poussière et recouvrir les ornières créées par les roues. Du coup… à moins que le satellite passe exactement à cet instant précis, il ne détectera jamais leur passage.
Rangi : …et comme nous sommes en plein dans un trou de la couverture satellite, par voie de conséquence… Vi-vi-vi. Bien joué. … Hé, mais ça fout en l’air toute la stratégie de surveillance officielle de la Protection Planétaire, ce genre de techno, non ?!
(rire cynique) Ouais. Tu comprends pourquoi je les prends pour des guignols, maintenant ?
Rangi : (hochant la tête) Le fait est…
—…
Rangi : Et donc ? Qu’est-ce qu’on fait ?
(réfléchissant à voix haute) Non, ce n’est pas l’ordre du jour. Je passe. On reprend le plan de vol initial, comme prévu. Je rejoins la trajectoire et on continue. (d’une voix sûre) Ready, Rangi ?
Rangi : (motivée) Ooh yeah ! Let’s go-go-go !

 

 

—Oh bon dieu, tu me fais penser ! Désolé pour ce contretemps, mes babouins mutants en armure de combat ! Nous allons achever cette première session imprévue avec Backscatter, de Ferris et Hoffmann (…encore eux). L’intro en 40kb dont est tirée cette musique est un genre d’exploit technique vraiment sympa et qui mérite le détour, n’hésitez pas à creuser la question de votre côté si la création procédurale vous intéresse. Nous espérons que vous avez fait un agréable voyage en notre compagnie. Quant aux petits malins du Consortium que nous avons grillés il y a deux minutes, voilà, cher public, ce qui se passe dans votre dos tous les jours sur la Lune. Qu’est-ce que vous croyez, les gars ?! Elon Musk est venu leur demander des comptes en personne, et il a été bufferisé sur Platon. ELON. FUCKING. MUSK ! Pour résumer, le mec a enclenché à lui tout seul la nouvelle Course À L’Espace, la conquête de la Lune et celle de Mars. Excusez du peu ! Et on lui a gentiment demandé de s’occuper de son cul !
Rangi : …de Mars ! On lui a demandé de s’occuper de Mars ! (^_^)’
—Exactement. Il s’est fait virer comme un malpropre ! Du coup il reste qui ? Personne…
Rangi : Mais !?
—…à part moi et Rangiroa.
Rangi : J’aime mieux ça.
—On reprend après la musique. Terminé.
Rangi : Messires, gentes dames, courageux babouins de la Résistance Lunaire, ici Rangi qui vous dit : surtout ne zappez pas !

Note Technique : Mais comment ?! Un épisode de Mardi Scene Music le… mercredi ?! Aberration ! Blasphème ! Anarchie ! Ça devient n’importe quoi, ce blog ! Ce à quoi je répondrai : MSM (« Mardi Scene Music »), ça marche aussi avec le mercredi… Et puis je vous devais cet épisode depuis trop longtemps, alors à circonstances exceptionnelles, etc, etc. L’important, c’est d’être là, même un peu en retard. Sur ces bonnes paroles, je vous laisse. « It is wednesday, my dudes ! » 😀

MSM #012

 

—Chers auditeurs, aujourd’hui nous débutons une série d’émissions spéciales durant lesquelles, je l’espère, nous pourrons lever le voile sur certains mystères du Système Solaire. Comme vous pouvez le constater, nous glissons actuellement au-dessus de Mars à bord de ce bon vieux Witch. Croyez-le ou pas, certains d’entre vous ont encore un cerveau, et du coup ils s’interrogent : comment un parfait inconnu a-t-il pu se procurer un vaisseau spatial militaire américain qui n’est -soyons réalistes- même pas sensé exister ? Et bien pour répondre à votre question…

(gobe une chips et prend soin de mâcher bruyamment dans le micro pendant une bonne quinzaine de secondes)

—…et voilà toute l’histoire. J’espère que cela calmera un temps votre -légitime- curiosité.

(Rangiroa s’éveille dans son siège anti-accélération)

Rangi : (s’étirant) Mmmmmmmmh… Ouh, ça craque ! (se masse l’épaule) On est arrivé ?
—Presque, madame la Comtesse. Je profitais de votre sieste pour musarder à haute altitude, tout en remontant lentement vers le terminateur martien. (tend une main ouverte) Droit devant !
Rangi : Je… … C’est… magnifique !
—Oui, ça assure bien niveau pixels ! Il y a le coucher de soleil sur Mooréa vu depuis Tahiti. Et puis l’aube martienne depuis l’orbite basse. C’est assez indescriptible, mais équivalent sur l’échelle du Sublime.
Rangi : Je n’ai même pas la force de faire une remarque sarcastique !
(rire) C’est dire !
Rangi : Du coup, nous sommes tous proches de Bootstrap !
—Alors la longitude correspond bien… Mais niveau latitude, c’est mort : nous survolons l’hémisphère Sud, Sirenum Terra pour être précis ! Et les copains d’Elon Musk, eux, vivent sur Amazonis Planitia, hémisphère Nord, et bien plus près de l’équateur. N’oublie pas qu’ils sont encore esclaves de l’équation de Tsiolkovski. Budget carburant tendu comme un string, fenêtres de tir tous les 26 mois, latitudes d’atterrissage limitées, transferts de Hohmann, et toutes ces conneries assommantes dont le Witch se contrefout ! (rire bref) Quand j’y pense, c’est vraiment la Marine à Voile, leur grand projet.
Rangi : Les pauvres. Il faudra leur expliquer comment faire, un jour.
(rire désabusé) Ouais ! Si on veut devenir les deux individus les plus recherchés de tout le Système, c’est une idée, je suppose…
Rangi : (petite voix) Tout compte fait je vais attendre encore un peu…
‘Le docteur Zen vient de quitter le chat !’
Rangi : Non, mais sans déconner, je me suis endormie en orbite lunaire. Pourquoi je me réveille sur Mars ?
—Hé bien comme j’allais l’expliquer aux auditeurs, j’ai décidé de mener un test du pod imageur que j’ai emprunté à tu-sais-qui.
Rangi : Ah. Oui. Le machin fusiforme hérissé de caméras bizarres. Et le manuel que tu m’as obligée à lire de bout en bout, espèce de monstre !
—J’avais besoin d’une spécialiste. De quelqu’un qui puisse se coltiner 1000 pages de documentation très vite, et surtout sans se lasser !
Rangi : Alors pour la vitesse, je confirme. Par contre, niveau lassitude, ouh, j’en ai une bien bonne à t’annoncer…
(s’esclaffe) J’aurais dû m’en douter. (lui jette un regard en coin) Toujours ta fameuse « personnalité » qui interfère…
Rangi : Objectivement, la doc, c’est jamais passionnant ! Avec ou sans personnalité. RTFM, que diable !
—Je souffre avec toi, ma douce. Bref, pour éviter toute activité suspecte dans l’espace cislunaire, j’ai décidé de mener nos séances d’entrainement…
Rangi : …nos missions d’espionnage…
—…sur la Planète Rouge. Premièrement, on n’y trouve que des Muskiens, et ces mecs ne peuvent pas blairer le Consortium.
Rangi : On les comprend.
—Voilà. Ensuite, il y a deux terrains que j’aimerais bien scanner. Notamment une série de failles au Sud de Méthalox City.
Rangi : Toi et ta passion des vieilles pierres !
(roublard) On ne sait jamais… Des ressources enterrées. Des milliardaires aux mains encombrées de billets qui ne savent pas où creuser. Des… heu… des « radio-pirates » avec une carte du sous-sol martien précise, datée et légendée.
Rangi : (sourire élargi) Ça semble lucratif, ton histoire. Tu as une estimation chiffrée ?
—Of course, ma délicieuse calculatrice à effet Casimir différentiel. Mais pas maintenant. Pas ici. Pas en direct, voyons !
Rangi : (vraiment déçue) Ah, zut.

 

 

—Hé non, pour le moment, c’est l’heure de la friandise musicale du jour ! Je vous entends remuer d’ici, mes braves babouins narcoleptiques en costume de Capitaine Flemme ! Mes indomptables révoltés du chocolat Bounty de 17h ! Mes pirates de l’Espace-Détente à pointeurs-laser ! Je ne vous ai pas oubliés. Le morceau du jour s’appelle Heroes vs. Villains, il a été composé par heu… Strayboom (WTF ?!) enfin, bref : Strayboom ou « Vincenzo » pour les vieux de la Vieille ( 🙂 ) et il accompagne l’invitation pour The Ultimate Meeting, une demoparty de 2011. J’adore les invitations de demomakers, la plupart du temps, leur musicien part dans un registre joyeux et optimiste, c’est très rafraichissant.
Rangi : (sûre d’elle) Je ne peux qu’approuver.
(légèrement pris de court) … Heu… Ah bon ?!
Rangi : Ooh yeah. (^_^)
(facepalm immédiat) Malédiction ! Encore grillé !
Rangi : Et sur la ligne d’arrivée ! Chanmé !

 

Note Technique : Un grand, un énooooorme merci à nimitz, le codeur du splendide shader « Sirenian Dawn » illustrant cet épisode, et à la plateforme Shadertoy. Sans eux -ainsi que Skaven252 et Vincenzo- ce billet n’aurait pas la même saveur.