Jack McDevitt est un écrivain américain que certains connaissent peut-être déjà, car il a été publié en France plusieurs fois au cours des 30 dernières années. Sans être vraiment orienté « hard science », il a ses bons moments. Vingt ans après, je garde un excellent souvenir des Machines De Dieu et de sa suite, Deep Six, publiés sous forme de gros pavés chez L’Atalante (avec de belles illus intrigantes par l’incontournable Manchu). Beaucoup de suspens, de l’archéologie dans des systèmes stellaires éloignés, une menace galactique ? Il n’en faut pas plus aux amateurs de SF ! J’ai par contre de grosses réserves sur l’intérêt du roman « Seeker » (autrement que pour stabiliser une table de chevet très bancale). Acheté et lu récemment au format poche, j’y ai retrouvé le thème archéologique, mais développé d’une façon si linéaire (et avec des enjeux si limités) que ça en devenait insipide. Comment un tel roman a-t-il pu remporter le prix Nebula en 2007 ? Mystères et boules de gomme !
Rassurez-vous, le texte d’aujourd’hui fait partie des « bons » dans l’oeuvre de McDevitt. Il nous raconte l’histoire d’une I.A. que l’on envoie aux confins du système solaire pour résoudre la disparition d’un autre programme intelligent plus perfectionné. Dans ce futur, la conquête spatiale est presque intégralement passée entre les mains du « Successeur de pierre » (…pour reprendre l’expression géniale de JM Truong). Les humains se désintéressent lentement du sujet. Et même pour nos intrépides machines, cette époque d’exploration menace de s’achever.
Je vous présente donc Lucy, une nouvelle de Jack McDevitt qui, par le biais d’intelligences artificielles, évoque un problème très réel : l’idée que la conquête de l’espace pourrait n’être qu’une simple péripétie historique, une passade, un moment qui s’est envolé. Alors oui, je sais, c’est aberrant d’écrire un truc pareil alors que le vaisseau Orion est en route vers la Lune… Mais l’Histoire (avec un grand H) est remplie de retournements de situation qui, rétrospectivement, paraissent invraisemblables. Elon Musk -par exemple- ne sera pas éternel, surtout s’il persiste à se créer des ennemis hauts-placés en exposant aux yeux de tous les manigances de nos élites « bienveillantes » ( /s ). Et si vous comptez sur la NASA (…ou pire, l’ESA) pour fabriquer des fusées lunaires à un tarif avantageux (i.e. moins d’1 milliard le pétard), autant dire que vous vous bercez de douces illusions.
J’attends donc, sans impatience, sans anticipation, et sans triomphalisme prématuré, l’empreinte des premières boots d’Artemis sur le sol lunaire… et vous laisse à la lecture de ce récit plutôt sympathique, qui nous emmène encore une fois loin, très loin, dans les contrées obscures aux limites de notre système.
Bon voyage…
Lucy, un texte de Jack McDevitt publié en 2012 chez Baen Books.