Le texte du jour s’intitule Glory, il s’agit d’une nouvelle d’archéologie galactique de Greg Egan.
Peut-être connaissez-vous déjà cet auteur australien, mais pour ceux qui l’ignoreraient encore, Egan est un sérieux candidat au titre de « Meilleur Auteur De SF Dure De Tous Les Temps ». Non, je ne dis pas cela à la légère, d’autant que je suis un très grand fan de Clarke ou d’Asimov ! Mais là, on parle quand même d’une pointure qui a enchainé les classiques durant toutes les années 90 : « Distress » (VF « L’Énigme De L’Univers »), « Permutation City » (VF « La Cité Des Permutants »), « Diaspora », « Schild’s Ladder », et bien d’autres encore. Il a aussi écrit une profusion d’histoires courtes souvent géniales, parfois même à suivre (ex de diptyque excellent : « Luminous »(1995) -VF « Radieux »– et « Dark Integers »(2007) -VF « Les Entiers Sombres »).
Mais qu’a-t-il de particulier, ce Greg Egan ? Hé bien figurez-vous qu’il met la science au cœur de l’intrigue avec une redoutable efficacité. En plus de cela, il explore des concepts vraiment perchés issus de certains domaines scientifiques pointus, avec un attrait particulier pour les maths. Autrement dit, il écrit de la SF dure par pure passion, parce que la science est truffée d’idées folles, qu’elle est une source inépuisable de curiosités.
Et Glory, dans ce domaine, ne déçoit pas. L’histoire commence d’une façon surprenante, par de la physique nucléaire appliquée et une minutieuse opération de photolithographie à l’échelle… d’une étoile ! Vous êtes déjà largués ? Mais on n’en est encore qu’à l’intro, mon bon monsieur ! Et déjà Egan nous propulse plus loin et plus vite que quiconque avant lui ! Vous la sentez, l’accélération relativiste qui vous brûle les cheveux et vous tire sur l’estomac ? 😀
Que raconte Glory, donc, quand ça ne cause pas nanostructures et antiprotons ? Hé bien tout se déroule dans un lointain futur. Les humains ont intégré une vaste culture galactique pacifique, tolérante et non-violente, plutôt tournée vers le bon vivre et la connaissance : l’Amalgame. Tout le monde, humains ou extraterrestres, est désormais un genre de logiciel, mais les individus peuvent continuer à vivre dans des corps biologiques, par habitude ou par goût. Sur une planète arriérée (i.e. encore non contactée), l’Amalgame découvre les vestiges d’une civilisation ayant mené des recherches mathématiques sur une très longue période. Plusieurs MILLIONS d’années ! Malheureusement, ces sites archéologiques recelant de précieuses trouvailles formelles sont peu à peu détruits par l’essor d’une race plus récente. L’Amalgame envoie donc deux agents sur place, afin de sauver ce qui peut l’être. Mais rien ne va se passer comme prévu car si les mathématiciens disparus ont des secrets, les nouveaux arrivés possèdent leur propre dynamique. Et la supériorité technique -écrasante- de l’Amalgame est un point en sa faveur, mais pas une garantie de réussite…
Bonne lecture !
Glory, une nouvelle de Greg Egan parue dans The New Space Opera chez HarperCollins en 2007…
Addendum : pour les fans purs et durs, Glory fait partie d’un cycle de trois nouvelles, Riding the Crocodile (2005, dispo gratuitement en ligne), Glory (2007), et Hot Rock (2009), qui se passent dans l’univers de l’Amalgame. Il y a même un roman : Incandescence (2008), qui reprend ce décors. Les lecteurs attentifs remarqueront que l’Amalgame pourrait facilement constituer un futur plausible des « polis » décrites dans « Diaspora », et que « Diaspora » lui-même, sans trop d’efforts d’imagination, peut être vu comme un avenir probable de « La Cité Des Permutants ». Il y a là une intéressante progression d’échelle et de thématique dans la carrière de l’auteur, mais c’est une analyse pour un autre jour (…ainsi qu’un épisode CSF sur « Diaspora », depuis le temps que je veux le faire ! 🙂 )