VSF #007

Le vendredi sur ce blog, vous le savez, c’est le jour de la nouvelle de SF gratuite ! Et aujourd’hui, tel le matou rapportant fièrement une souris à son humain, le grand rouquin blanc revient vers vous avec, entre les mâchoires, un texte de SF rempli de produits chimiques…

Je lis Charles Stross depuis une bonne vingtaine d’années. Alors étudiant faisant le tour d’Internet (on était un peu après l’an 2000), j’avais découvert des auteurs anglo-saxons proposant de nombreux textes gratuits et pointus qui me semblaient en phase avec ma conception plus « dure » de la SF. Parmi eux, le fameux Stross : ancien pharmacien, ancien informaticien, un type qui m’avait vraiment bluffé le temps d’une courte nouvelle (« Lobsters »). Il faut dire que je sortais juste de Engines Of Creation, le fameux bouquin d’Eric Drexler sur la nanotechnologie… tout en écoutant en boucle l’album du même nom de Joe Satriani.
Il y a des moments comme ça, dans la vie, où les planètes s’alignent…
Bref, au cours des ans, j’ai pris l’habitude de suivre cet auteur, lisant son blog (…en gardant un certain recul), et savourant les textes qu’il offrait en libre-accès assez régulièrement (merci au passage pour cette constante générosité).

Alors Stross, qu’est-ce que ça vaut ?

  • Hé bien sur la forme courte, disons-le clairement, c’est un maître du genre. Et nous aurons l’occasion d’y revenir souvent dans VSF, n’en doutez pas ! Le bougre a semé suffisamment de pépites ici et là pour alimenter la rubrique pendant des semaines…
  • Sur les romans, je ne peux pas me prononcer aussi favorablement, du fait -principalement- d’un manque de données. En effet, je n’ai lu de lui qu’Accelerando (un véritable MONUMENT de la SF sur la Singularité), sans jamais le finir… J’ai également acheté et lu son roman Crépuscule D’Acier (« Singularity Sky » en V.O.), mais il ne m’a pas laissé un souvenir impérissable.

Stross est connu pour son humour et sa passion des vieux romans d’espionnage, d’où son cycle publié en France sous le nom « Bureau des Atrocités ». Mais c’est aussi l’auteur de nombreux romans prospectifs à court terme, dans lesquels il explore les lignes directrices de notre Temps (économie, sousveillance, surveillance, cyber-démocratie, bitcoin).

L’histoire du jour, intitulée « A Tall Tail » (un jeu de mot facile sur l’expression anglaise « a tall tale »), dévoile au commun des mortels la vie fastueuse des auteurs de Science-Fiction. Cela pourrait bien vous étonner, mais nous sommes régulièrement invités par tous les « think-tanks » et autres « groupes de réflexion stratégique » de la planète afin de leur donner un avant-goût de ce Futur qu’ils essaient d’anticiper (…et dont, en bons Gardiens du Temple, nous gardons jalousement les secrets). Concrètement, cela se traduit par de constants voyages aux quatre coins de la Terre, dans des endroits paradisiaques remplis de yachts et de Palais des Congrès. Et c’est ainsi, cher lecteur, de fil en aiguille, et de valise diplomatique perdue en pot-de-vin égaré, que l’on se retrouve dérivant dans la piscine d’un luxueux hôtel d’Orlando/Floride, assis dans une bouée fluo avec un cocktail à la main, en train d’écouter un savant américain qui vous raconte l’un des secrets les plus infâmes de la Guerre Froide.
Tout ça alors qu’à la base, on devait juste causer carburant pour fusées…
Comment ça, vous ne comprenez rien ? Alors lisez ! 😀 Moi, je retourne flotter en sirotant une boisson fraîche. Et au fait, ce type, là, accoudé au comptoir, vous trouvez pas qu’il a l’air un peu communiste ?!

A Tall Tail, par Charles Stross, à lire chez Tor.com.

P.S. Le lecteur féru de physique aura noté dans ce récit la mention d’une technique de production d’énergie exploitant les isomères de certains éléments chimiques lourds. Je dois dire que je suis plutôt content de lire ce genre de détails techniques sous la plume de Stross, car en tant qu’auteur de SF (… branché « prospective ») j’ai depuis quelques années déjà ces sources d’énergie alternatives dans le collimateur. Vous voulez un exemple ? Très simple : si vous lisez la série MSM sur ce blog, vous vous êtes peut-être demandés quelle est la source d’énergie du Witch, le vaisseau du Commandant et de Rangiroa ? Hé bien les fameux isomères sont… une partie de la réponse. Et oui cher lecteur, n’allez pas croire que ce blog soit à la traîne. 😀

VSF #006

C’est vendredi, les amis, et maintenant vous connaissez le topo !
Le contexte est difficile pour beaucoup d’entre vous, alors aujourd’hui je vous ai choisi un truc un peu plus léger : court, simple, direct, mais qui reste dans le ton de « The Giving Plague », vous savez, le texte de VSF #002. Il s’agit de « On A Blade Of Grass », de Tim Pratt, un auteur dont je ne sais à peu près rien… Hé, ne m’engueulez pas, on ne peut pas être partout non plus ! Apparemment, il a gagné un Hugo en 2007 et a été nominé à de nombreuses reprises pour d’autres prix prestigieux.
Ce récit audio repose sur une idée simple et intéressante (…je dirais même carrément « raccord » avec la ligne éditoriale du blog), mais une bonne partie de son intérêt tient à l’ambiance qui s’en dégage : les changements de voix du narrateur, les réparties, les apartés, le rythme du discours.
Le sujet est sérieux, pourtant on se prend à sourire comme dans un vieil épisode de La Quatrième Dimension.
Ce travail de narration et de mise en scène est à mettre au crédit de l’équipe d’Escape Pod, un podcast en anglais dont je vous propose ce soir l’épisode 276 daté du 20 janvier 2011.
Régalez-vous !
On a Blade Of Grass, de Tim Pratt, dans Escape Pod 276 sous licence CC BY-NC-ND 3.0.

Post Scriptum : Voilà qui devrait vous occuper un peu (et même vous faire réfléchir) pendant les longs préparatifs de lancement du SN11 à Boca Chica, ce soir… Suivez le tir en direct sur Youtube, ça pourrait bien être spectaculaire !

VSF #005

Ce soir, chers lecteurs, je vous emmène chez le grand maître de l’Horreur Cosmique, ce bon vieux H.P. Lovecraft. Tout le monde cause de Lovecraft, ces derniers temps, vous avez remarqué ?
Probablement parce que son imaginaire est particulièrement en phase avec notre actualité. Mais je ne poursuivrai pas cette réflexion plus avant. Du moins, pas maintenant.

Le texte du jour, From Beyond, est aussi court que magistral.

En quelques lignes, l’auteur nous propulse au-delà du réel en s’appuyant sur la science, tout en ayant soin de ne point trop en dire.
Ce qui est alors vu, ou entrevu, n’est pas simple à décrire. Et un peu malaisant. Comme une fractale 3D dont on sait, intellectuellement, qu’elle jaillit de quelques équations simples, alors que son apparence complexe renvoie à je-ne-sais-quelle expérience biologique maudite… Vous voyez ce que je veux dire ? (by Inigo Quilez, @iquilezles and iquilezles.org)

Pour accompagner ce texte, je vous suggère Purple Corn, thème de la démo Eon (Andromeda Software Development), composé par aMusic, un musicien grec plutôt doué.

 

Lisez From Beyond, par H.P. Lovecraft en version originale sur Wikisource !

Note : Merci à Iq, codeur et Grand Imagicien de Shadertoy, qui nous permet de visualiser dans des conditions relativement sereines une infime partie des horreurs que renferment les mathématiques, et probablement l’Univers (comme le pressentait le fameux Reclus de Providence). Merci aussi à aMusic pour ce morceau très atmosphérique.