Shady #035

Aujourd’hui dans Shady, pas de shader : à la place, je vous propose un outil en ligne pour jouer avec les fonctions mathématiques de base du langage GLSL. Ce logiciel, c’est Graphtoy, et il a été développé par Iq (Inigo Quilez), le créateur de Shadertoy !

—Accéder à Graphtoy—

Bon alors comme vous pouvez vous en rendre compte, l’interface est ultra-simple et intuitive. En même temps, Graphtoy n’est qu’un genre de calculatrice graphique spécialisée : il permet simplement de visualiser à gauche les courbes des équations que vous tapez dans les champs de droite.

Par exemple : videz toutes les équations et entrez une unique fonction en face de « f1(x,t)= ». De préférence quelque chose de simple comme « sin(x) » ou « sin(x+t) », ou encore « cos(x) », ou « noise(x + t) », etc.

Saupoudrez le tout de « floor », de « clamp », de « step » et « smoothstep », jusqu’à ce que les concepts rentrent !

Par expérimentation directe, vous allez bientôt internaliser comment se comportent toutes ces fonctions, et combien il est facile (et ludique) de les combiner pour obtenir des formes de plus en plus complexes. Et en moins de temps qu’il n’en faut pour dire « neurohacking », vous aussi, vous écrirez des shaders démentiels à la vitesse de la pensée, et vous éblouirez la foule en délire lors du prochain Shader Showdown !

« Co… Co… Comment ça, Shader Showdown ?! … ?! Il y a des compétitions de shaders ?! »

Haha, n’allons pas trop vite en besogne, mon cher Jean-Michel Carmack de Noirmoutier ! Commence d’abord par maîtriser les fonctions de base, et après, on en reparlera…

P.S. Pour ceux qui veulent creuser la chose, Iq possède une chaine Youtube sur laquelle il propose des tutoriels en anglais, notamment un où il explique comment élaborer un paysage synthwave (soleil + silhouettes d’immeubles). Dans Graphtoy, il suffit d’ailleurs de cliquer sur Example 3 en haut à droite pour voir à quoi ça ressemble.

« Woaaaaah bon Dieu c’est géant ! Il ne manque plus que du Carpenter Brut, et on s’y croirait ! » (/s)

…Ahem, oui, heu, bon, alors voilà, quoi. Maintenant, vous et Jean-Michel êtes au courant. Alors bon courage, et à la semaine prochaine !

Shady #034

Les géantes gazeuses sont des planètes intrigantes. Gravité énorme, interactions électromagnétiques dantesques, systèmes solaires miniatures, objets astronomiques originaux (anneaux, magnétosphère, tore de sodium, mini-lunes bizarres), points chauds, sources radios, tempêtes polaires géométriques, etc. Et l’un des concepts les plus déstabilisants, pour des créatures originaires d’un monde rocheux, c’est cette absence de surface solide sur laquelle « atterrir ».
Si vous ne savez pas voler, vous n’irez jamais sur Jupiter. Vous périrez brûlés vifs et écrasés après une longue chute libre dans les tréfonds de l’atmosphère. Idem pour Saturne. Sur Uranus et Neptune, c’est un peu différent, olfactivement du moins. La mort aura une odeur entre le méthane et l’ammoniac (…parfum latrines, quoi), avec toujours la même destination finale : écrasement et incinération simultanés.

« Oui mais », comme on dit par chez moi. « Et si… ? »
Et si j’avais un jetpack ? Un parachute ? Ou mieux, carrément une petite fusée nucléoplasmique avec voilure à géométrie variable, une tête de mort sur la carlingue et un budget delta-v de cinglé ?

Dans la novella « Rencontre avec Méduse », Arthur C. Clarke nous raconte comment un cyborg explore l’atmosphère de Jupiter. Rescapé d’un grave accident, cet homme est désormais un genre de « cerveau en boîte », ce qui lui permet d’affronter l’environnement Jovien durant des heures (gravité de 2.5g, radiations, pression, température, j’en passe). Il plonge donc dans l’atmosphère du géant à bord d’une capsule puis, parvenu à la bonne altitude, déploie un ballon à air chaud… nucléaire. Une montgolfière atomique ! Il fallait y penser. (Jules Verne aurait adoré) Commence alors un voyage stupéfiant…

Le shader du jour, codé par Klems, fait écho à ce récit de SF Clarkienne. Car on y retrouve cette étrangeté, ce gigantisme des planètes extérieures, avec ces immenses canyons de nuages, ces cordillères de gaz, et ce mystère des profondeurs abyssales striées d’éclairs menaçants. Et puis on lève les yeux, et là, loin, très loin au-dessus flotte un vaste système d’anneaux. Cet indice, ainsi que la couleur jaunâtre des nuages, pourrait nous faire croire que nous dérivons sur Saturne. Mais attention aux conclusions hâtives : à moins de contrôler le spectre et la taille de l’étoile, ou de considérer la structure fine des anneaux, nous n’avons aucun moyen de savoir si nous ne sommes pas en fait sur une géante gazeuse extra-solaire à des milliers de parsecs de la Terre… Voire carrément dans une autre galaxie !

 

 

Félicitations à Klems pour Gas Giant Flyby, donc, cet authentique morceau de SF tout en code, en maths et en couleurs. Un bel hommage à ces artistes et ces scientifiques qui, chacun à leur manière, ont imaginé à quoi pouvait ressembler l’horizon d’une planète géante. J’ai cité Clarke. Lui-même s’inspirait probablement du boulot de Carl Sagan, mais il y en a bien d’autres. Et d’ailleurs, le saviez-vous ? Le terme « géante gazeuse » (« gaz giant » en anglais) aurait été inventé par un auteur de SF, apparemment : James Blish. Encore un nom qu’il faudra découvrir dans un prochain numéro de VSF (Vendredi Science-Fiction).
En attendant, c’était le shader du jour. Bonsoir !

Shady #033

 

 

Aujourd’hui, c’est Voxel Corridor, un couloir médiéval (ou antédiluvien ?) réalisé par le Grand Tunnelier de Shadertoy : Shane. Pour le moment je vous ai surtout montré ses expérimentations 2D avec du Voronoi, mais ce n’était qu’une infime partie de son travail. C’est l’un des grands noms du site, avec les nimitz, les iq, etc.

Raaah. Tellement de talent, et si peu de temps. Alors RDV très vite au prochain numéro !