Shady #061

Salut à tous les habitués de la Base Lunaire, dont les couloirs sont bien déserts ces temps-ci. Ici c’est Jean-Mich’, le seul, l’ultime : Jean-Michel Carmacques (de Noirmoutier) l’apprenti maudit de maître Shadi et, depuis la disparition mystérieuse d’icelui, Grand Intendant Officiel de la rubrique Shady. En vertu des maigres pouvoirs qui me sont conférés, je vous souhaite à tous une bonne, une excellente année 2025, le bonheur, la santé, les shaders, la science-fiction, etc… Malheureusement, 2025 a bien mal débuté en ce qui me concerne, puisque j’ai enchaîné une grippe avec la super-déprime de janvier (que j’ai affectueusement surnommée « Turbo-Désespoir 9000 », respectons l’adversaire, haha) déprime, disais-je, que j’ai bien sûr soignée en changeant d’air et en prenant mes quartiers d’hiver en Provence (non je déconne, mes finances ne me permettent pas de bouger, ni de me soigner, tout juste de manger… et encore) Tout cela expliquant mon silence des dernières semaines…

Mais le cadavre bouge encore. Contemplez ! Aujourd’hui, nous allons revenir aux sources avec de la SF, une improvisation écrite sur un shader du grand, que dis-je, de l’IMMENSE Kali! On rappelle que ce monsieur, Pablo Andrioli de son nom (Insta), se définit lui-même comme shader artist, demomaker, artiste génératif, et programmeur sauvage. Il serait fort présomptueux de ma part de résumer ses exploits, mais histoire que le lecteur saisisse bien la dimension du personnage, on rappellera que ce Kali a découvert lui-même au cours des 20 dernières années plusieurs fractales fooooooort intéressantes, parmi lesquelles la fameuse Kalibox (dont on a déjà causé dans cette rubrique, avec la tour de Numénor en chocolat de Virgill dans Galvanize). Aujourd’hui on pourra admirer une variation de cette kalibox, la fractale ARQ, ainsi surnommée parce qu’elle évoque l’architecture (« ARQuitectura » en portugais) des temples hindous ou celle des cathédrales chrétiennes… Les lecteurs attentifs se souviendront d’ailleurs l’avoir déjà croisée dans le Shady #012. Ici, ce n’est qu’un rendu fixe, mais j’aime tellement ce genre de formes que cela m’a inspiré un faux article scientifique lui donnant un contexte ! Le récit initial était en anglais, une langue barbare et vulgaire, j’en conviens, c’est pourquoi j’ai gentiment fait la traduction en français afin de ne pas froisser votre sens du beau (…après tout, si vous lisez ceci, vous êtes au minimum francophone, ce qui prouve que vous avez du goût !) Et nouveau coup de bol pour vous, j’ai même ajouté quelques détails par rapport à la version anglaise pour parfaire le délire et rehausser le niveau.

Voici donc le shader de Kali : Genuary 2025 day 20

Genuary 2025 day 20 by Kali

Et le pastiche d’article scientifique (racontant en filigrane une courte histoire de SF) qu’il m’a inspiré :

Titre : « L’observation de Deneb à l’aide d’une microloupe gravitationnelle d’une puissance atypique mène à une possible découverte historique. »
Abstract : « Nous avons profité d’une microloupe gravitationnelle particulièrement puissante et absolument unique en son genre, autour du trou noir errant NGCB-7852 pour observer à ultra-haute résolution le disque stellaire de l’étoile Deneb (à 2000 années-lumière, dans la constellation du Cygne). L’opération fut malheureusement un échec, car une sorte de structure opaque se tenait entre la singularité et l’étoile visée, obstruant partiellement le champ visuel. Nous présentons ici l’image obtenue après un traitement long et approfondi du signal IR-Térahertz (cf ANNEXE 1), mené de manière indépendante sur trois superordinateurs différents (CNES, CEA, Caltech). Vu le facteur de grossissement du fond cosmologique et divers paramètres optiques supplémentaires (cf ANNEXE 1-B), nous avons pu estimer la distance de la structure derrière le trou noir, et donc sa taille : 70000 km (soit 2 fois celle de la Terre). Outre le fait qu’un objet complexe si gigantesque soit impossible, d’un strict point de vue gravitationnel (cf G-SIM ANNEXE 3), il ressemble pourtant de façon frappante à certains temples classiques d’Asie du Sud. Il pourrait s’agir ici de la toute première mégastructure extra-terrestre artificielle jamais détectée, une techno-signature d’une taille sans précédent. Cependant, certaines similarités géométriques évidentes évoquent des références terrestres connues, à la fois concrètes et mythologiques (Section temples – ANNEXE 2), ajoutons que ces références historiques semblent en phase avec les coordonnées temporelles (notre image datant de presque 2000 ans du fait de la vitesse de la lumière). Nous avons donc contacté plusieurs historiens de premier plan qui, comme nous, se sont révélées totalement dépassés, mais très intéressés par cette découverte. Trois d’entre eux suggèrent même un réexamen complet des anciens textes sacrés afin de trouver d’autres critères de validation, ainsi qu’une liste de nouvelles étoiles-cibles qui pourraient être étudiées dans le cadre d’un futur programme de détection de techno-signatures, d’une portée clairement historique. »

Ah oui, j’oubliais de préciser : pour coder ce shader, Kali a été motivé par la compétition d’art génératif GENUARY (qui se déroule tous les ans pendant le mois de janvier), plus spécifiquement le sujet du 20. (…d’où le titre du shader!)

C’est tout pour cette semaine. À très bientôt !

Zik #063

On remercie encore une fois Lorne Balfe car à l’aide d’un synthé tout neuf, d’un saxo super-classe et de très saintes guitares électriques, il parvient à nous faire oublier la maudite grenouille débile inventée par Erik Wernquist. Et il nous ramène ce glorieux thème de Faltermeyer propre comme un sou neuf, ENFIN lavé de l’affront ! Comme quoi (pour citer ce brave Pippin) « ça ne va pas si mal… »
Envoyez la musique Maestro !

 

 

Notez que je suis en bons termes avec Erik Wernquist depuis qu’il s’est racheté en produisant l’exceptionnel court-métrage Wanderers… (Erik, si tu nous lis, déconne plus jamais comme ça, mec !)

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BD #001

Dans cette nouvelle rubrique intitulée fort explicitement « BD », nous vous proposerons régulièrement (hahaha) des trouvailles, dans un esprit toujours SF.

La friandise du jour est le dernier épisode en date de la série Bad Space, une oeuvre encore relativement peu connue, mais qui commence à faire son trou sur le Net grâce à quelques posts viraux sur Reddit. L’auteur, un néo-zélandais du nom de Scott Base, a un style très particulier, mélangeant adroitement photos postérisées et dessin réels pour créer de petits voyages sinistres en noir et blanc. On se croirait dans un vieux pulp horrifique ou un épisode sombre et technique de la Quatrième Dimension. Chaque « strip » se compose de 10 panneaux, des images évocatrices souvent violentes, accompagnées de textes cyniques flirtant avec la poésie. Les sources d’inspiration sont flagrantes pour les habitués de la SF, mais ces récits sont suffisamment bien conçus et adaptés. Scott Base SAIT clairement de quoi il parle (la SF, l’horreur malaisante du monde actuel), c’est sensible, il possède les références classiques et la vision large requise pour faire de la bonne SF qui rend hommage au lieu de piller sans vergogne. Comme dans l’épisode du jour, par exemple : « The Giving Man » (« Un homme généreux », titre traduit par moi en français, vous jugerez après lecture de sa justesse). Et vous noterez, chers lecteurs, comme les choses sont bien faites ou plutôt comme je fais bien mon travail : si vous êtes un habitué de ce blog, vous vous souvenez probablement de la nouvelle « La Dernière Question » d’Asimov lue en VF par Patrick Baud dans le VSF #034… Le lecteur attentif ne manquera pas de remarquer le parallèle entre les entités finales de cet épisode Bad Space et celles décrites par le bon Docteur dans la fameuse « Dernière Question ». Et c’est là le talent de Scott Base, que de reprendre l’un des grand thèmes de la SF (i.e. la mort thermodynamique de l’univers) pour lui donner un virage infiniment plus inquiétant… et tristement réaliste. Je sais, à un niveau désormais parfaitement organique (du fait de mon âge avancé), ce que c’est que la « bonne SF », je passe littéralement ma VIE à la chercher, alors là, je dois dire avec beaucoup de respect : Chapeau l’artiste ! Dernier point pour achever de vous convaincre : les lecteurs/spectateurs de Métal Hurlant devraient se sentir ici comme chez eux ! Franchement que demande le peuple ?! (…plus de Bad Space, voilà ce qu’il veut, le bon peuple !)

Note : on reviendra souvent sur Bad Space dans les prochains épisodes de BD. Je vous dirais bien de ne pas vous gaver de toute la série en une seule fois mais je vous connais, bande de goinfres, alors faites selon votre bon vouloir. Chacune de ces courtes histoires se relit de toute manière avec délice vu le travail du texte et des images. De mon côté, j’essaierai à chaque fois de mentionner les références SF qui me sautent au yeux afin de replacer le récit dans une certaine perspective.

« The Giving Man », une dédicace grinçante à notre super-classe milliardaire, par Scott Base.

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