Sept minutes de progression, et c’est bon tout du long !
Sept minutes de progression, et c’est bon tout du long !
Aujourd’hui, dans Vendredi Science-Fiction, un texte de SF dure… en français ! Hé non, vous n’êtes pas en train d’halluciner. Après tous ces récits dans la langue de Shakespeare, enfin, enfin, enfin, votre infinie patience est récompensée. Nous sommes de retour chez nous, m’sieur Frodon !
Comme vous le savez, trouver des histoires de SF dure françaises, c’est déjà plutôt balaise. Mais alors des histoires gratuites, c’est plus rare qu’une pépite… J’ai malgré tout quelques textes valables en réserve. Mais rien de comparable en taille ni en thème avec la trouvaille du jour. Je suis d’ailleurs preneur de suggestions : si vous pensez avoir déniché une nouvelle pour un futur numéro de VSF, écrivez-moi. La SF dure gratuite à lire en ligne, c’est TOUT le concept de cette rubrique.
Le récit du jour s’intitule donc « Dirty Hack ». Oui, un titre anglais pour un texte en français, on n’a peur de rien ici, qu’est-ce que vous croyez. 😀 « Dirty hack » c’est une expression informatique signifiant (grossièrement) « bidouillage infâme », ou « bricolage mal foutu ». On l’emploie généralement pour décrire un bout de programme qui fait un truc épatant, mais de façon détournée, maladroite, contre-intuitive, et/ou très inélégante. On pense par exemple à la racine carrée inverse rapide de Quake 3. Ou à certains générateurs de nombres aléatoires sympas mais limités souvent utilisés dans les shadertoys (et celle-là j’en parle d’expérience)…
L’auteur de « Dirty Hack » n’est autre que… votre humble serviteur. Surprise ! Bah oui, c’était fatal. Il y a plus de dix ans, à force de ne pas trouver ce que je cherchais (i.e. de la « vraie SF dure » en français imprégnée de culture scientifique, comparable à ce qu’écrivent Stross, Egan, Brin, Clarke, Asimov, Stephenson, Landis, etc) j’ai décidé de prendre le taureau par les cornes. Vous savez ce que disait les anciens (Platon, apparemment) : « Nécessité est mère de l’Invention. »
En 2019, sous le nom de plume Sylvain Kernel, j’ai donc publié en ligne la première partie d’un roman intitulé « Augmentés ». Vous avez peut-être déjà repéré le lien dans la colonne de droite sur le blog, c’est le gros carré bleu aux angles arrondis qui vous emmène vers une page avec un résumé et plein de captures d’écran.
Alors « Augmentés », succinctement, c’est quoi ?
Menu de Augmentés : Neurohackers
Hé bien il s’agit d’un roman de SF… contenu dans une application Windows. Autrement dit, un livre multimédia imaginé, écrit, codé, et publié par moi à l’aide de tout un tas de logiciels libres (Blender, Gimp, SDL, etc). La première partie, « Augmentés : Neurohackers », est actuellement disponible sur ma boutique 32 Drones. Alors je suis conscient que lire un bouquin sur PC peut sembler surprenant pour certains (…encore que les gamers auront l’habitude), mais nos machines modernes, avec leurs capacités graphiques et sonores, permettent de créer rapidement une ambiance. Et de faciliter l’immersion du lecteur. Pour convaincre le public, je propose en téléchargement une version limitée du bouquin, une « démo gratuite » qui contient un chapitre complet (« Dirty Hack »). Et coup de bol, ce chapitre fonctionne plutôt bien en tant que nouvelle.
Illustration du chapitre Dirty Hack
Le scénario ? Il s’agit d’une rencontre, d’un face-à-face à haute tension, dans le genre d’un film de Tarantino. Nous nous retrouvons en compagnie d’un certain « Durandal », scientifique pourri au service des puissants, qui mène l’interrogatoire d’un curieux spécimen. Un monstre génial engendré par le monde moderne. Et ça cause substitution sensorielle, code graphique, transhumanisme citoyen et exploits techniques réalisés par de simples amateurs. Un récit captivant, une histoire vraiment barrée, et une expérience multimédia, c’est à tout cela et bien plus encore que je vous convie dans ce numéro très spécial de Vendredi Science-Fiction. Le genre de surprise démentielle qu’on ne trouve nulle part ailleurs, seulement sur baselunaire.fr.
Interface de lecture et page 19 de Dirty Hack
Même Interface, Mode Noir Sur Blanc
Bonne lecture, donc. Et surtout relaxez-vous : Durandal veille sur nous.
Dirty Hack, de Sylvain Kernel, récit publié chez 32drones-sf.com (2019). Télécharger l’application PC windows directement ici (entrez le code 32 puis 2019 sans espace entre les deux)
P.S. Bien sûr si le concept vous a séduit, et que vous voulez soutenir une certaine SF française, plus pointue et authentiquement branchée science, n’hésitez pas à acheter la version complète.
Ah, l’été… Saison des vacances, de la plage, des glaces, de la douceur de vivre et du repos bien mérité ! Et si (comme nous) vous faites partie des nombreux français qui n’ont pas les moyens de partir, vous pouvez toujours vous consoler de plusieurs façons.
Par exemple, en vous disant que les dividendes des grandes entreprises explosent tous les records… Grâce à notre sacrifice collectif, quelques dizaines de milliardaires vont pouvoir divorcer ET acheter un nouveau yacht DANS LA MÊME ANNÉE, sans devoir à aucun moment se serrer la ceinture. Nous avons aussi participé à accroître leur sentiment de supériorité et leur mépris du bon peuple. Et ça, ça réchauffe le coeur, n’est-ce pas ? Je suis certain que notre président a fait un saut périlleux sur son jet-ski en apprenant la bonne nouvelle.
Jean-Michel Carmacques : « Mec, sérieux, arrête de grincer des dents : tu fais peur au chat ! »
(sur un ton guilleret) Sinon, autre moyen de se consoler : vous pouvez découvrir les oeuvres programmées par des gens talentueux un peu partout sur la planète à l’occasion des nombreuses demoparties estivales ! Tiens par exemple, Jean-Mich’, savais-tu que début Août se tenait l’Evoke ?
JMC : (super enthousiaste sans raison) « HA BON ?! Heu… c’est quoi l’Evoke ? »
Une demoparty, mon vieux. Un rassemblement de demomakers. Une compétition internationale qui se déroule à Cologne, en Allemagne… En cette glorieuse occasion, on a vu passer plein de prods sympas. J’en ai sélectionné deux pour toi. Premièrement, la finale du Shader Showdown entre Flopine (thésarde française) et Totetmatt (un dèv’ français lui aussi).
JMC : « Il y a donc vraiment des batailles de shaders ?! Ce n’est pas une légende ? »
Et non mon brave. La Force, les Jedi : tout est vrai ! 😀 Voilà d’ailleurs comment ça se passe. Deux concurrents se font face sur une scène et doivent coder l’animation la plus clinquante possible en l’espace de 20 ou 30 minutes. C’est en direct, sur grand écran, avec les réactions du public, et tout et tout. Il y a aussi un DJ qui mixe, et le flux audio est accessible pour que les créations frétillent en rythme avec le BPM !
JMC : « Woaaaaaaaaaaah ! … … C’est fantastique ! »
Effectivement. C’est une évolution de la Scène, un renouvellement des règles exploitant le contexte technique (la plasticité des shaders) et social (convivialité, divertissement, aspect « perfomance »). Une synthèse heureuse, en quelque sorte. Mais va donc voir sur youtube, tu tapes « shader showdown evoke flopine totetmatt » et ça devrait le faire. Bon, le départ est toujours un peu lent (surtout qu’il y a eu un problème technique), mais dès que les animations apparaissent, ça devient palpitant. Le vainqueur est déterminé à la fin, en fonction des applaudissements. Le match de Flopine et Totetmatt n’est ni le meilleur, ni le plus intense que j’ai vu, mais demeure un excellent premier contact pour jauger, comprendre et apprécier ce sport. Le côté imprévisible, un rien chaotique du processus ajoute un véritable suspens. Personnellement, j’adore.
JMC : (lache sa clé à molette) « J’y vais tout de… »
Tut-tut-tut ! Pas si vite, Gromit ! J’ai un deuxième cadeau pour toi. Durant l’Evoke, il y a un paquet de compétitions différentes : démos PC, démos Amiga, intros 64k, etc. Parmi celles-ci, la catégorie « Démos 4k » rassemble les programmes de taille inférieure à 4096 caractères. Cette année, la troisième place a été remportée par Nusan (un maître du Shader Showdown, soit-dit en passant). Avec son comparse Jeenio, ils ont réalisé Fantasy Escape, un shader qui reprend la palette de couleur spécifique, les sons et le style graphique de la console virtuelle Pico-8. Il s’agit d’un simple hommage, deux minutes de pure nostalgie demomaker, rien de techniquement bluffant. Et pourtant l’effet « madeleine de Proust » reste puissant.
Ce shader fournit aussi l’occasion de creuser le sujet de la Pico-8, une console virtuelle dont j’entendais souvent parler sans forcément m’y intéresser. Ses spécifications sont très limitées (16 couleurs, résolution 128*128), ce qui la rend attractive en terme de programmation. Les cartouches de chargement sont… des images PNG de cartouches de jeu ! Non, sérieusement ! 😀 Histoire de vous donner une idée des possibilités, allez voir « Shooting Star » de SaKo ou bien la version Pico-8 de Doom : POOM par freds72…
Voilà, il y aurait encore beaucoup à dire (et à voir) car la ludothèque de la Pico-8 contient un tas de choses incroyables, du coup je vous laisse explorer le sujet vous-même pendant que Jean-Michel rattrape son retard en se cognant huit heures de Shader Showdowns…
JMC : (lointain, noyé dans la Drum’n Bass) « Géniaaaaaaaaaaaal ! »
(remet ses lunettes de soleil) My job here is done. 😎
C’était le Shady du dimanche soir, publié avec 4 jours de retard durant lesquels Fantasy Escape a été sacré Shader De La Semaine. Ooh yeah !